REVIVRE

Tiens, à l'heure où je vous écris, j'habite à côté du cimetière justement. C'est très joli à la Toussaint. Ma fenêtre de chambre donne sur les tombes. Un pas de plus et j'y rentrais. Faut-il y voir un signe ?.....Bon, c'est vrai que je faisais des messes en rythme à l'église quand j'étais jeune, des soirées "Gospel" mais je ne sais pas si c'est pour cela que Dieu m'a épargné. Quand je le rencontrerai, le plus tard possible bien entendu, je lui demanderai et je vous tiendrai au courant... Enfin, s'il y a internet là-haut. Toujours est-il que, pendant tout ce temps passé en soins intensifs c.a.d sept semaines, j'ai réfléchi sur la vie. C'est la que j'ai pris conscience quand je commençais à aller mieux, qu'il fallait vivre chaque instant sans perdre une seconde. Il y a tellement de choses que je n'avais pas faites, tellement de choses que je n'avais pas vécues, et puis des choses que j'avais mal vécues, j'avais une soif incommensurable de vivre. Que dis-je, j'ai toujours une soif incommensurable de vivre. Je sors de l'hôpital le 1er février 1983. Je pèse alors 53 kg et j'ai des balafres plein le torse et l'abdomen. Ces stigmates vont me rappeler chaque jour que je suis un "miraculé". Mais physiquement et psychologiquement très atteint. Je n'ose plus me regarder dans la glace. Mon corps ne ressemble plus à rien. Je ne suis vraiment pas bien dans ma tête. Au fur et à mesure, mon mental va reprendre le dessus, mais il me faut du temps. Les infirmières , Sylvie et sa soeur Marguerite, passent tous les jours à la maison pour mes soins. De temps à autre je fonds en larmes. Quelle déchéance. surtout que je suis plutôt d'un naturel orgueilleux...Cela va durer 6 mois. Je retourne à l'hôpital pour une consultation auprès du chirurgien qui m'a soigné, je dois plutôt dire :"qui m'a sauvé la vie". Le professeur Boissel. J'ai pour lui une reconnaissance éternelle. Je sais je me répète, mais je lui dois tant...Celui-ci va m'expliquer alors qu'il me faudrait du temps pour retrouver un semblant de musculature. Ce sera d'actualité 5 ans après. Entre temps, je repasserai sur le "billard" pour améliorer un peu l'état de mes cicatrices qui font à mon grand regret l'attraction sur les plages de Vendée. Un gamin me demandera même un jour ce que j'avais, ce à quoi j'ai répondu : "c'est des fermetures éclairs". Plus question de me mettre torse nu sans attirer les regards curieux. Vous savez, l'être humain est ainsi fait , après tout la curiosité n'est pas un vilain défaut contrairement à ce qu'on nous raconte. Bon , je ne leur en veux pas au gens, j'aurais fait pareil. Cela dit ça me génait énormément tous ces regards, un peu comme si j'étais une bête de foire. J'aurais peut être du ouvrir une baraque de fête foraine et j'aurais montré mon "bidon" aux curieux. Ce regard des autres va changer ma vie. Désormais je vais mettre tout en oeuvre pour que les gens me regardent différemment. C''est en 1987 que ma renaissance est en marche. Ayant le feu vert du Professeur Boissel pour me remuscler, je m'offre un extenseur et commence doucement un programme de musculation. Cela va être le début d'une grande aventure avec le culturisme, et cela fait 30 ans que ça dure.....